- ALLEMAGNE - Actualité (1990-1996)
- ALLEMAGNE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique fédérale d’AllemagnePolitique intérieureLe 1er février 1990, 2 jours après s’être entretenu avec le numéro un soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, à Moscou, et 3 mois après que les autorités est-allemandes eurent décidé l’ouverture de la frontière interallemande et du Mur de Berlin, le Premier ministre de R.D.A., Hans Modrow, présente un plan prévoyant l’unification des 2 Allemagnes.Le 4 février, le Parti libéral (F.D.P.) est-allemand tient à Berlin son congrès constitutif en présence des leaders du parti frère ouest-allemand. Le 23, à Leipzig, Ibrahim Böhme est confirmé au poste de président des sociaux-démocrates (S.P.D.) de R.D.A.Le 18 mars se tiennent en R.D.A. les premières élections législatives libres depuis l’avènement du nazisme; 24 partis y participent, les plus importants d’entre eux étant massivement soutenus par les partis frères de R.F.A. Les chrétiens-démocrates (C.D.U.), menés par Lothar de Maizière, sortent grands vainqueurs du scrutin avec 40,91 p. 100 des voix et 164 sièges. Avec l’Union sociale allemande (D.S.U.), qui obtient 25 sièges, et le Renouveau démocratique, qui en obtient 4, l’Alliance pour l’Allemagne, coalition composée de ces 3 partis, totalise plus de 48 p. 100 des suffrages. Le S.P.D. n’obtient que 21,8 p. 100 des voix et 87 sièges, et le Parti du socialisme démocratique (P.D.S., ex-communiste) conserve 65 sièges avec 16,33 p. 100 des voix. Le F.D.P., avec 5,2 p. 100 des voix, a 21 élus, tandis qu’Alliance 90, qui regroupe les petits partis dissidents, n’en compte que 12 et les Verts, 8. Le 12 avril, le Parlement investit le gouvernement de coalition de Lothar de Maizière, composé de l’Alliance pour l’Allemagne, du S.P.D. et du F.D.P. Le Premier ministre s’engage à réaliser le rattachement de la R.D.A. à la R.F.A., dans le cadre d’une Allemagne unifiée, membre de l’O.T.A.N. et de la C.E.E. Le Parlement présente ses excuses à la Tchécoslovaquie pour la participation de la R.D.A. à l’invasion des forces du pacte de Varsovie en 1968 et reconnaît que les nazis ont été responsables de la persécution des juifs.Le 1er juillet, l’union économique, monétaire et sociale entre les 2 Allemagnes entre en vigueur.Le 3 octobre, l’unification devient effective: l’Allemagne retrouve son unité après plus de 40 années de division.Le 2 décembre, les 60 millions d’électeurs allemands sont appelés à désigner librement et ensemble, pour la première fois depuis 1932, leurs représentants au Bundestag. La coalition sortante de centre droit, dirigée par le chancelier Helmut Kohl, obtient, avec 54,8 p. 100 des voix, une confortable majorité de 398 sièges sur 662. Le S.P.D. en obtient 239, son plus mauvais score depuis 20 ans, avec 33,5 p. 100 des voix. Les grands perdants de ces élections sont les Verts, qui ne recueillent que 3,8 p. 100 des suffrages. Le P.D.S. ne conserve que 17 sièges, avec 2,4 p. 100 des voix (9,9 p. 100 dans les Länder de l’ex-R.D.A.).Le 14 mars 1991, le transfert en U.R.S.S. d’Erich Honecker, ancien numéro un est-allemand, et de son épouse est rendu public.Le 1er avril, Detlev Rohwedder, président de la Treuhandanstalt, l’organisme chargé de gérer et de privatiser le patrimoine industriel et financier de l’ex-R.D.A., est assassiné à Düsseldorf. L’attentat est revendiqué par la Fraction Armée rouge.Le 20 juin, les députés décident le transfert à Berlin du gouvernement et du Bundestag, qui occupera, dans un délai de 4 ans, les bâtiments de l’ancien Reichstag. En revanche, le Bundesrat devrait rester à Bonn.Depuis le 2 janvier 1992, les citoyens de l’ex-R.D.A. ont accès aux dossiers de la Stasi. Les noms de 6 millions de personnes sont répertoriés. Outre ses agents, la Stasi disposait au sein de la population d’environ 150 000 informateurs, plus ou moins consentants, dont les noms sont rendus publics.Le 27 avril, Hans Dietrich Genscher, ministre des Affaires étrangères depuis 1974, président du F.D.P. et l’un des principaux artisans de la réunification, annonce sa prochaine démission (17 mai).Du 22 au 26 août, des centaines d’extrémistes de droite attaquent, chaque soir, le foyer de demandeurs d’asile et de travailleurs immigrés de Rostock (ex-R.D.A.). Les émeutiers saccagent les locaux — qui ont été évacués — en scandant des slogans racistes et xénophobes. Vigoureusement condamnées par les autorités, ces scènes de violence se poursuivent durant tout le mois.Le 27 novembre, le gouvernement fédéral interdit un groupe d’extrême droite, le Front nationaliste, fondé en 1985 en R.F.A.Le 6 décembre, 300 000 personnes réunies à Munich protestent contre les attentats racistes et xénophobes qui se multiplient dans le pays depuis l’été. Ceux-ci ont fait 17 morts et plusieurs centaines de blessés en 1992. D’autres manifestations antiracistes se déroulent dans les grandes villes du pays au cours du mois. Le 10, un nouveau mouvement néo-nazi, Deutsche Alternativ, basé dans l’est du pays, est interdit.Le 12 janvier 1993, la Cour constitutionnelle du Land de Berlin décide l’arrêt du procès d’Erich Honecker, malade, en application du respect de la «dignité humaine». Extradé de Russie le 29 juillet 1992 et jugé depuis le 12 novembre suivant, il était accusé d’avoir ordonné de tirer sur les fugitifs qui tentaient de franchir la frontière entre les 2 Allemagnes et d’avoir effectué des malversations au détriment de l’État est-allemand. Le 14, Erich Honecker rejoint sa famille au Chili.Le 3 mai, le président du S.P.D., Björn Engholm, démissionne à la suite d’un scandale. Il est remplacé par Rudolf Scharping le 13 juin.Le 26 mai, le Bundestag approuve la réforme restreignant les possibilités de demander le droit d’asile, le Bundesrat l’adopte à son tour le 28. Le 29, un incendie criminel allumé par des néo-nazis détruit un immeuble habité par des travailleurs turcs à Solingen, provoquant la mort de 5 personnes.Le 26 novembre, le gouvernement interdit le Parti des travailleurs du Kurdistan, soupçonné d’être à l’origine d’une série d’attentats contre des intérêts turcs dans plusieurs pays européens le 4.Le 13 mars 1994, le S.P.D. remporte les élections dans le Land de Basse-Saxe, avec 81 sièges sur 161 contre 67 à la C.D.U.Le 23 mai, succédant à Richard von Weiszäcker, le candidat de la C.D.U. Roman Herzog, président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, est élu président de la République; il l’emporte sur Josef Rau, candidat du S.P.D.Le 29 mai, l’ancien président de R.D.A., Erich Honecker, meurt des suites d’un cancer à Santiago (Chili) où il vivait en exil.Aux élections fédérales du 16 octobre, la coalition de centre droit du chancelier Kohl conserve de justesse la majorité absolue au Bundestag. La C.D.U.-C.S.U. obtient 41,5 p. 100 des suffrages et 294 sièges, et leurs alliés du F.D.P., encore plus en recul, 6,9 p. 100 des voix et 47 élus. Le S.P.D. progresse, avec 36,4 p. 100 des suffrages et 252 sièges, tout comme le P.D.S., qui obtient 4,4 p. 100 des voix et 30 députés, et les Verts 7,3 p. 100 des suffrages et 49 élus. L’extrême droite n’est pas représentée.Le 16 novembre 1995, le congrès du S.P.D., réuni à Mannheim, élit à sa présidence Oskar Lafontaine, ministre-président de Sarre, en remplacement de Rudolf Scharping. Oskar Lafontaine devient ainsi le chef de l’opposition.Le 15 juin 1996, la Fédération des syndicats allemands mobilise quelque 350 000 personnes dans les rues de Bonn, qui protestent contre le plan de rigueur du gouvernement et manifestent en faveur du «travail» et de la «justice sociale». Il s’agit de la plus vaste manifestation dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.Vie économiqueLe 1er juillet 1990, l’unification monétaire, économique et sociale entre en vigueur: le deutsche Mark devient la monnaie commune des 2 pays. Les salaires, pensions et avoirs d’épargne sont convertis à parité. La planification étatique est abandonnée. Les subventions et le contrôle des prix sont supprimés et compensés par une augmentation des pensions et des salaires. La fiscalité est modifiée pour encourager les petites et moyennes entreprises. La liberté de contrat et de la création d’entreprise est garantie.En 1991, les efforts (plus coûteux que prévus) pour mettre à niveau les nouveaux Länder se traduisent par la plus forte inflation depuis 8 ans et par un gonflement du déficit budgétaire malgré une augmentation des impôts (notamment une augmentation uniforme de 7,5 p. 100 de l’impôt sur le revenu, à partir du 1er juillet, prévue pour un an, destinée à financer le coût de l’unification). La dérive budgétaire et la tension inflationniste conduisent la Bundesbank à relever ses taux à 3 reprises.En 1992, l’économie allemande exerce sur les pays européens une influence déprimante. La lenteur imprévue de l’intégration des nouveaux Länder (Brandebourg, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Saxe, Saxe-Anhalt, Thuringe) aggrave la situation, directement et par le biais de la politique monétaire. À l’Est, le ralentissement de l’activité industrielle annule les progrès enregistrés dans le bâtiment. À peine la moitié de la population active bénéficie du plein-emploi. Les coûts salariaux de l’industrie allemande sont devenus les plus élevés du monde. La Bundesbank, seule à assurer la stabilité monétaire, maintient une politique de taux d’intérêt élevés, attitude qui lui est reprochée dans les capitales européennes. Une baisse intervient pour soutenir le franc lors de la tourmente monétaire de septembre. Cette politique conduit à une appréciation du deutsche Mark, ce qui provoque la dévaluation de la livre, de la lire et de la peseta.En 1993, l’économie allemande ne sort pas de la récession, mais la conjoncture semble avoir passé le creux de la vague à la fin du deuxième trimestre. La situation de l’emploi continue de se détériorer, le nombre de chômeurs dépassant 3,5 millions en octobre. Le P.I.B. allemand diminue dans l’ancienne R.F.A., alors que les Länder de l’Est enregistrent une expansion estimée à 7 p. 100. Cette performance est due aux transferts en provenance de la partie occidentale, correspondant à 5 p. 100 du P.I.B. ouest-allemand. Le 13 mars, le gouvernement chrétien-démocrate, l’opposition sociale-démocrate et les dirigeants des Länder concluent un «pacte de solidarité», applicable à partir du 1er janvier 1995, destiné à assurer un financement sain et durable du développement économique de l’ex-R.D.A., estimé à 110 milliards de deutsche Mark par an.Les contraintes du S.M.E. continuent d’imposer aux partenaires de Bonn une politique de l’argent cher, qui a aggravé la récession en Europe et conduit à une nouvelle crise monétaire au cours de l’été. L’Allemagne souffre d’une perte de compétitivité sur les marchés extérieurs. Le projet de loi de finances adopté le 13 juillet prévoit des économies budgétaires.L’année 1994 est marquée par un redressement de l’activité qui s’affirme progressivement au cours des mois: l’économie allemande sort de la récession.En janvier, le nombre des chômeurs dépasse momentanément 4 millions – soit 8,8 p. 100 de la population active dans l’ex-R.F.A. et 17 p. 100 dans l’ex-R.D.A. – avant de se réduire légèrement.Le 17 février, la Bundesbank abaisse son taux d’intérêt de 5,75 à 5,25 p. 100. Il sera ramené à 5 p. 100 le 14 avril. Le taux lombard et le taux de prise en pension seront également abaissés en avril.Le 5 mars, dans la métallurgie, le syndicat I.G. Metall parvient à un accord avec l’organisation patronale; il accepte une augmentation modérée des salaires en échange d’une garantie de l’emploi; la grève est ainsi évitée.Le 31 décembre, la Treuhandanstalt, organisme de financement des nouveaux Länder, disparaît après avoir accompli l’essentiel de la tâche qui lui avait été assignée en 1990.En 1995, l’Allemagne connaît une croissance ralentie en raison des hausses d’impôt et de salaires et de l’appréciation du deutsche Mark qui pèse sur les exportations. L’année est marquée par une inquiétante stabilisation du chômage à un niveau élevé et par l’annonce de nombreux plans sociaux. Cette situation suscite des interrogations sur la compétitivité du modèle économique allemand. Si la croissance est toujours forte dans les nouveaux Länder de l’ex-R.D.A., ceux-ci sont encore loin d’avoir rattrapé leur retard et restent tributaires des transferts en provenance de l’Ouest. Depuis 1990, quelque 500 milliards de deutsche Mark ont été investis à l’Est.Le 24 février, le syndicat I.G. Metall lance un mouvement de grève en Bavière, le premier depuis 1984. Le 7 mars, le patronat et le syndicat s’accordent sur une augmentation de 3,8 p. 100 des salaires en 1995 ainsi qu’en 1996.Le 5 juillet, le Parlement adopte le projet de budget pour 1996. Pour la première fois depuis 1953, celui-ci prévoit une réduction des dépenses. Cette rigueur budgétaire est destinée à maintenir les taux de la dette et du déficit dans le cadre des critères de convergence prévus par le projet d’Union économique et monétaire.Le 1er octobre, la semaine de 35 heures sans diminution de salaire entre en vigueur.Le 1er novembre, le président de I.G. Metall, Klaus Zwickel, propose de modérer les revendications salariales en échange de garanties en matière de maintien de l’emploi. Le 24 décembre, il propose que les heures supplémentaires soient désormais compensées sous forme de temps libre et non plus de compléments de salaire.En 1996, la stagnation qui avait débuté l’année précédente se poursuit, tout comme le débat sur la crise du «modèle» économique et social allemand. La croissance piétine, notamment en raison de son brusque ralentissement dans les Länder de l’ex-R.D.A., qui continuent à dépendre très largement des subsides de l’Ouest. En conséquence, le chômage dépasse la barre des 4 millions de personnes.Le 23 janvier, le gouvernement, le patronat et les syndicats concluent un «pacte pour l’emploi» qui prévoit de réduire de moitié le nombre de chômeurs d’ici à la fin du siècle. Ce pacte sera toutefois remis en cause au cours des mois suivants. Le 30, le gouvernement adopte des mesures de relance qui visent à supprimer certains avantages fiscaux et certaines subventions en échange d’une baisse des impôts.Le 12 février, les partenaires sociaux s’entendent sur une réforme des retraites destinée à garantir le financement de celles-ci.Le 26 avril, le chancelier Kohl présente un plan de rigueur qui doit permettre de réaliser 70 milliards de deutsche Mark d’économie budgétaire en 1997, et faciliter ainsi le respect des critères de convergence prévus par le traité de Maastricht pour adhérer à la monnaie unique. Des allègements de charges et d’impôts pour les sociétés ainsi que des mesures d’incitation à l’investissement doivent équilibrer une réduction des dépenses sociales, notamment des indemnités de chômage et de maladie.Le 18 novembre, l’exploitant téléphonique public Deutsche Telekom fait son entrée en Bourse par le biais d’une augmentation de capital de 17,5 milliards de deutsche Mark, qui représente 24 p. 100 de son capital. Cette opération, la plus importante jamais effectuée en Europe, remporte un vif succès.Relations internationalesLe 20 février 1990, les Douze donnent leur accord à la réunification allemande. Mais, le 21, le Premier ministre polonais demande qu’un traité de paix soit signé préalablement à cette réunification.Le 5 mai s’ouvrent à Bonn les négociations internationales sur l’unification allemande. Dite «2 + 4», cette conférence regroupe les ministres des Affaires étrangères des 2 Allemagnes et des 4 vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. La question de l’appartenance du futur État unifié à l’O.T.A.N. oppose l’U.R.S.S. aux autres participants.Le 18 mai, le traité d’État instituant l’union monétaire, économique et sociale entre la R.F.A. et la R.D.A est paraphé à Bonn. Le S.P.D. ouest-allemand, inquiet du coût d’une telle union, exprime des réserves. Le 21 juin, le Bundestag ouest-allemand, par 445 voix contre 60, et la Chambre du peuple est-allemande, par 302 voix contre 82, ratifient le traité. Les 2 Chambres approuvent aussi, à la quasi-unanimité, une résolution proposant que la frontière orientale de l’Allemagne, sur la ligne Oder-Neisse, soit définitivement fixée par un traité avec la Pologne.Le 16 juillet, Helmut Kohl signe avec Mikhaïl Gorbatchev un accord aux termes duquel l’U.R.S.S. accepte l’appartenance de la future Allemagne unifiée à l’O.T.A.N.Le 12 septembre, à Moscou, les membres de la dernière session de la conférence «2 + 4» s’entendent sur le «traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne», rétablissant l’Allemagne dans sa pleine souveraineté.Le 20 septembre, les députés des 2 Parlements allemands ratifient séparément le traité d’union entre les 2 États, conclu le 31 août. La voie est libre pour l’unification, fixée au 3 octobre.Les 9 et 10 novembre, Mikhaïl Gorbatchev se rend en Allemagne, pour la signature d’un traité germano-soviétique définissant pour l’avenir l’ensemble des relations entre les 2 pays.Le 14 novembre, à Varsovie, le traité donnant un statut définitif à la frontière orientale de l’Allemagne est signé entre l’Allemagne et la Pologne. La ligne Oder-Neisse devient irrévocable.Le 17 juin 1991, le chancelier Kohl et le Premier ministre polonais Jan Krzysztof Bielecki signent à Bonn un traité de «bon voisinage et de coopération». Ce traité de réconciliation consacre plusieurs articles aux problèmes de la minorité polonaise d’origine allemande afin de garantir ses droits culturels et linguistiques.Le 7 février 1992, les ministres des Affaires étrangères et des Finances des Douze signent le traité dit de Maastricht, conclu le 10 décembre 1991, qui institue l’Union européenne.Le 27 février, le chancelier Kohl se rend à Prague où il signe, avec le président Václav Havel, le traité d’amitié et de coopération paraphé le 8 octobre 1991. Le contentieux lié aux revendications de la minorité allemande des Sudètes, expulsés en 1945, n’est toutefois pas réglé.Le 26 mars, Helmut Kohl suspend toute livraison d’armes à la Turquie pour protester contre la violence des représailles dont a été victime la population civile kurde les jours précédents. Le 31, le ministre de la Défense, Gerhard Stoltenberg, démissionne à la suite de révélations faisant état de la livraison à la Turquie de chars d’occasion de l’ex-R.D.A., malgré l’interdiction du Bundestag.Les 21 et 22 mai, réunis en sommet à La Rochelle, François Mitterrand et Helmut Kohl présentent le projet de corps d’armée franco-allemand.Le 14 décembre, Helmut Kohl se rend à Moscou afin d’apporter à la politique de réformes du président Eltsine le soutien de son premier fournisseur d’aide. Le 16, un accord est conclu sur l’évacuation des quelque 200 000 hommes de l’ex-armée soviétique du territoire allemand, avant le 31 août 1994. En contrepartie, Helmut Kohl offre une aide de 550 millions de deutsche Mark pour le relogement des soldats rapatriés et accorde un moratoire de 8 ans sur la dette de l’ex-U.R.S.S. envers l’ex-R.D.A., évaluée à 56 milliards de deutsche Mark, ainsi qu’une indemnité de 1 milliard de deutsche Mark en faveur des victimes du nazisme. En revanche, la question de l’attribution d’un territoire autonome aux 2 millions de Russes de souche allemande chassés des rives de la Volga par Staline n’est pas réglée.Le 2 avril 1993, le gouvernement approuve la participation de forces allemandes à l’application de la résolution 816 du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’interdiction de survol de la Bosnie. Le S.P.D. et le F.D.P. saisissent la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, exigeant une modification préalable de la Loi fondamentale allemande qui prévoit que les forces armées ne peuvent être utilisées qu’à des fins défensives. Le 8, la Cour constitutionnelle autorise provisoirement cette participation militaire en Bosnie. Le 21, le gouvernement, sollicité par l’O.N.U., accepte l’envoi en Somalie, en juin, d’un bataillon chargé de tâches logistiques.Le 12 octobre, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe déclare compatible avec la Loi fondamentale le traité de Maastricht, déjà adopté en décembre 1992 par le Parlement, rendant ainsi définitive la ratification de ce traité.Le 16 décembre, l’Allemagne établit des relations diplomatiques avec la Macédoine.Les 31 janvier et 1er février 1994, le chancelier Kohl, en visite à Washington, rencontre le président Bill Clinton; il s’emploie à souligner la convergence de vues entre les 2 pays sur des questions de politique internationale allant de l’action de l’O.T.A.N. en Bosnie aux réformes entreprises en Russie.Le 12 juin, la C.D.U.-C.S.U. du chancelier Kohl remporte un franc succès lors des élections européennes, avec 38,8 p. 100 des suffrages et 47 sièges sur 99 au Parlement de Strasbourg. Les scores du S.P.D. – 32,2 p. 100 des voix et 40 élus – sont plus décevants. Les Verts se maintiennent, obtenant 10,1 p. 100 des suffrages et 12 députés. Le F.P.D. et l’extrême droite ne sont plus représentés au Parlement européen.Le 1er juillet, l’Allemagne prend pour 6 mois la présidence de l’Union européenne.Le 12 juillet, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe autorise la participation de soldats allemands à des opérations internationales menées pour le compte de l’O.N.U., de l’O.T.A.N. ou de l’Union de l’Europe occidentale, à condition que cette participation soit acceptée par un vote à la majorité simple au Bundestag.Le même jour, le président américain Bill Clinton se rend en visite à Berlin.Le 31 août, les derniers soldats russes quittent Berlin, en application de l’accord «2 + 4» conclu en septembre 1990. Le total des compensations financières offertes à la Russie par l’Allemagne pour ce retrait atteint 15 milliards de deutsche Mark. Le 8 septembre, c’est au tour des dernières troupes françaises, britanniques et américaines de quitter Berlin. L’ensemble de ces événements consacre l’achèvement du processus de réunification allemande.Le 8 mai 1995, des cérémonies marquent, à Berlin – après Londres et Paris et avant Moscou –, le cinquantième anniversaire de la capitulation allemande, en présence de nombreux chefs d’État.Du 21 au 23 juin 1996, le pape Jean-Paul II effectue sa première visite dans le pays depuis la réunification allemande. Il béatifie des prêtres catholiques résistants au régime nazi et se rend à la porte de Brandebourg.
Encyclopédie Universelle. 2012.